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Engouement immobilier dans le marché des propriétés de « millionnaires »

10 jan. 2020


Engouement immobilier dans le marché des propriétés de « millionnaires »


Quand ils ont mis en vente leur luxueuse maison de Candiac, Caroline L’Heureux et son conjoint André avaient bon espoir de trouver un acheteur assez rapidement. Mais pas au point de trouver preneur en moins de 30 jours pour leur propriété de 1,5 million de dollars !

YVON LAPRADE
COLLABORATION SPÉCIALE

« À vrai dire, on a eu trois visites et une offre d’achat, qu’on a acceptée. Ça s’est passé comme on l’espérait », raconte Caroline.

Le couple demandait 1,6 million pour l’unifamiliale de 4600 pieds carrés sur un terrain de 12 000 pieds carrés, dans un quartier tranquille.

« On a réglé pour 1,535 million », précise-t-elle.

Un profit substantiel étant donné qu’ils avaient payé un peu plus de 1 million, en 2007, pour cette maison construite en 2004.

« À ce moment-là, se souvient Caroline, je trouvais que c’était un peu cher, bien que c’était une belle maison, bien construite, avec un terrain permettant beaucoup d’intimité, avec une cour intérieure. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Un couple demandait 1,6 million pour une unifamiliale de 4600 pieds carrés sur un terrain de 12 000 pieds carrés, dans un quartier tranquille.

Mais alors, pourquoi avoir vendu cette si belle maison ?

« Nos [quatre] enfants sont grands, on s’en va vivre dans une maison de plus petite dimension, explique-t-elle. On ne veut plus s’occuper de la piscine, de la pelouse, de l’entretien. »

Dès janvier 2020, ils s’installeront donc dans une maison de ville, toujours à Candiac, pour laquelle ils ont accepté de débourser environ 800 000 $.

Un marché très actif

Le courtier Francis McKenzie, à l’origine de la transaction immobilière, confirme que le marché des propriétés de 1 million est « plus actif que jamais » dans la grande région de Montréal.

Résultat : selon ce qu’il observe sur le terrain, les vendeurs trouvent beaucoup plus rapidement preneur pour leur propriété.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le couple a finalement réglé pour 1,535 million.

« Avant, soumet-il, une maison de luxe pouvait rester sur le marché pendant deux ans avant qu’un acheteur se pointe avec une offre d’achat raisonnable. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, bien au contraire. »

C’est rendu qu’on organise des visites libres pour des maisons de 1 million. C’est du jamais-vu ! Les acheteurs asiatiques, très présents dans ce marché, aiment cette formule.

Le courtier Francis McKenzie

Une clientèle exigeante

Le courtier Alex Haddou, chez Re/Max, vend des propriétés dont la valeur dépasse le million de dollars. Il constate que les vendeurs ont des attentes élevées.

« Ils sont plus exigeants, dit-il, ils veulent avoir le gros prix. En même temps, ils sont de rudes négociateurs quand vient le temps de fixer le pourcentage de la commission [payée au courtier immobilier]. »

Faut-il comprendre qu’il est plus difficile de vendre une maison de « millionnaire » qu’une maison de 350 000 $ ?

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le couple avait payé un peu plus de 1 million, en 2007.

« C’est certain que la stratégie de vente diffère considérablement, répond-il. Ça ne suffit pas d’inscrire la propriété, il faut savoir bien cibler la clientèle susceptible de faire une offre d’achat, organiser les visites en conséquence. À titre d’exemple, pour une maison de 1,4 million, on s’attend à ce que l’acheteur ait une mise de fonds d’au moins 500 000 $. »

Pas le gros lot !

Encore faut-il trouver l’acheteur prêt à payer un peu moins de 1,4 million pour devenir propriétaire d’une maison de cinq chambres à coucher, avec quatre salles de bains, un garage double grandeur avec un plancher recouvert de tuiles de céramique, et tout et tout…

« C’est le montant que je souhaite obtenir avec la vente de ma maison à Laval [dans le quartier Saint-Vincent-de-Paul], souligne John Sasso. Mais je me rends compte que pour espérer vendre, ça prend un courtier qui connaît bien ce marché, sinon, on risque de perdre son temps. »

D’ailleurs, cela fait bientôt trois ans qu’il tente de vendre sa luxueuse maison, qu’il a fait construire il y a 10 ans avec des matériaux importés d’Europe et de son Italie natale.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Autre vue de la maison de Candiac

« Dans ma rue, signale-t-il, j’ai vu des voisins vendre leurs grosses cabanes, semblables à la mienne, dans des délais assez courts. J’ai compris sur le tard qu’ils avaient choisi le bon courtier, tandis que moi, j’avais fait le mauvais choix… »

Il vient de confier un mandat de 90 jours au courtier Alex Haddou en espérant que cette fois sera la bonne.

« Je ne vends pas pour faire un coup d’argent, explique-t-il. Cette maison-là m’a coûté 1,2 million et j’ai investi dans des matériaux de qualité. Uniquement pour le pavé uni, j’en ai pour 100 000 $ ! »

Avec humour, il ajoute que l’acheteur qui prendra possession des lieux pourra entreposer ses bouteilles de rouge dans la cave à vin aménagée au sous-sol.

Pas comparable à Toronto et à Vancouver…

Bien que le marché « montréalais » de la revente des propriétés de plus de 1 million de dollars soit en forte progression, il ne se compare en rien avec ceux de Toronto et de Vancouver.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Une chambre de la maison de Candiac

« Il est vrai qu’on dénombre de plus en plus de maisons et de condos à ce prix, mais ça demeure [un segment de marché] marginal. Ça représente moins de 2 % du marché total des propriétés à vendre au Québec », relève le courtier Jean-Marc Léger, chez Via Capitale.

Il observe néanmoins qu’avec la flambée des prix de l’immobilier, il est à prévoir qu’on verra de plus en plus en plus de propriétés de « millionnaires » au cours des prochaines années.

« Actuellement, le gros du marché, ce sont des propriétés de 400 000 $ à 600 000 $, estime Jean-Marc Léger. Mais au rythme où les prix augmentent, de 20 % par année dans certains quartiers, on va se retrouver très bientôt avec un fort volume de propriétés de plus de 1 million sur le marché de la revente. »

Et que pourra-t-on s’offrir avec 1 million à investir dans la brique et le béton ?

« Il y a 10 ou 15 ans, donne-t-il en exemple, on allait à Westmount ou à Outremont. On achetait une maison de luxe. En 2019, avec 1 million en poche, on n’est pas assuré de pouvoir trouver dans l’île de Montréal ! »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

John Sasso, devant sa maison à vendre pour plus de 1 million
de dollars à Laval

Maisons unifamiliales à vendre (prix variant entre 1 million et 1,5 million)

Île de Montréal : 205 sur 1553 inscriptions (13,2 %)

Rive-Sud : 104 sur 1721 inscriptions (6 %)

Laval : 50 sur 906 inscriptions (5,5 %)

Ensemble du Québec : 734 maisons unifamiliales à vendre à ce prix, sur 34 422 inscriptions

Condos à vendre (prix variant entre 1 million et 1,5 million)

Île de Montréal : 153 sur 2551 inscriptions (6 %)

Rive-Sud : 4 sur 772 inscriptions (0,5 %)

Laval : 17 sur 566 inscriptions (3 %)

Ensemble du Québec : 196 condos à vendre à ce prix, sur 9158 inscriptions

Source : APCIQ-décembre 2019

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