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Étalement urbain: il faut s’occuper de la banlieue, plaide Vivre en Ville

23 jan. 2020

Alors que l’étalement urbain continue de croître dans la banlieue éloignée du Grand Montréal, le directeur général de Vivre en Ville, Christian Savard, appelle à la prudence. Il somme les gouvernements de créer des incitatifs financiers durables pour développer les municipalités plus rapprochées comme Longueuil ou Laval, plutôt que d’«étaler toujours plus loin».


«Le système, actuellement, il roule sur une espèce d’inertie d’étalement. Ce n’est pas simple d’arrêter une roue qui tourne depuis un moment, mais si on veut vraiment le faire, ça va prendre des incitatifs», explique-t-il à Métro.


Son groupe suggère par exemple la mise sur pied d’un Fonds en aménagement et urbanisme durable qui réserverait 100 M$ aux municipalités de banlieue souhaitant développer leurs terrains vacants, notamment. Le cas du secteur Roland-Therrien, à Longueuil, est selon lui l’exemple parfait de ces terrains «encore disponibles», tout près du centre-ville.




Appelé à réagir sur cette question, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, indique qu’il soutient l’organisme dans ses démarches. La Ville, toutefois, en voudrait encore plus. «On voit ça d’un bon œil en complément à des mesures du gouvernement pour consolider non seulement les territoires métropolitains, mais également l’ensemble des collectivités québécoises», indique à Métro la porte-parole Geneviève Jutras.


À l’image des propos de la mairesse dans les dernières semaines, Mme Jutras ajoute que de «contrer l’étalement urbain est la mesure la plus importante pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre».


L’étalement de l’étalement

Pour Christian Savard, l’étalement urbain est en train d’atteindre des sommets dans les villes de banlieue de plus en plus éloignées.


«On est rendus dans l’étalement de l’étalement. Terrebonne se fait étaler par d’autres petites villes. Et les gens achètent, parce que les maisons sont moins chères, mais ils se retrouvent dans le cercle vicieux de la congestion. Puis ils demandent de nouvelles autoroutes, ce qui nous coûte encore plus cher.» -Christian Savard, DG de Vivre en Ville




Il vaut bien mieux «consolider, requalifier et densifier» les banlieues et les villes de couronne avant de vouloir développer sur de longues distances, selon lui.


«On doit réaliser que l’étalement urbain est un mode de développement très consommateur d’infrastructures, surtout en transport. Moins on construit dense, plus il nous faut d’aqueducs, d’autoroutes et d’infrastructures lourdes. Et plus on ravage des terres agricoles ou des milieux naturels. On utilise mal notre sol. On le gaspille, ou on le détruit», lance-t-il.


Québec veut entamer un dialogue

Jointe par Métro, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, soutient pour sa part qu’une «grande conversation» doit être entamée au Québec sur l’enjeu de l’aménagement.


«Cette conversation pourra porter sur le territoire métropolitain, mais aussi les territoires ruraux et nos régions, indique-t-elle. Celle-ci doit englober des enjeux environnementaux, de transport, d’agriculture, d’architecture, etc.»


L’élue provinciale se dit par ailleurs heureuse de constater que l’aménagement occupe autant de place dans l’univers médiatique en ce début d’année. «Parce que c’est important», dit-elle.


Des changements de population à prévoir

Au cours des prochaines années, le Québec se dirige davantage vers une stabilisation de sa population que vers une hausse, rappelle Vivre en Ville. L’organisme voit là un autre argument contre l’étalement urbain.


«Notre croissance ne sera pas éternelle. On s’en va plus vers un aplatissement de la courbe démographique. Construire plus loin, alors qu’il reste des terrains à développer sans avoir d’impacts sur des milieux naturels, devient alors un choix très irrationnel», poursuit M. Savard.


Selon des données de son organisme, environ 85% de ce qui se construit dans le Grand Montréal est du logement multifamilial.

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