Le marché de la revente restera à l’avantage des vendeurs l’an prochain dans la région de Montréal avec une hausse moyenne de prix prévue de 5 à 6 %. Une situation qui avantage notamment les ménages âgés de 55 ans et plus qui envisagent de vendre leur maison, devenue trop grande pour leurs besoins.
ANDRÉ DUBUC
LA PRESSE
« Pour les gens qui sont désireux de vendre, l’offre est très limitée sur le marché de la revente, dit Francis Cortellino, économiste à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Donc, les gens qui vendent vont probablement avoir un délai de vente assez court et des hausses de prix soutenues. C’est un marché qui favorise les vendeurs. »
M. Cortellino et son collègue Lukas Jasmin-Tucci prenaient la parole mercredi à la conférence sur le marché de l’habitation organisée par le journal Les Affaires. Ils ont notamment parlé de l’incidence des changements démographiques sur le marché résidentiel montréalais.
Évidemment, quand on vend une maison, il faut se reloger. Si le ménage choisit comme nouveau chez-soi une copropriété, une maison plus petite ou s’il décide de vivre à l’extérieur de la région montréalaise, il paiera vraisemblablement un prix réduit par rapport au domicile dont il vient de se départir.
« Le locatif neuf est un substitut aux condos qui n’existait pas il y a quelques années, indique M. Cortellino. C’est une nouvelle gamme de produits qui était quasi inexistante pendant des années. Par contre, poursuit-il, l’offre est assez limitée en ce moment. Pour les gens qui vendent, il faut garder en tête que trouver un appartement à son goût et selon son budget, ça peut représenter un défi. »
Il se construit des logements locatifs, plus de 11 900 en 2019, comme jamais en 30 ans. Toutefois, la demande est à ce point intense que le taux d’inoccupation refuse de remonter. La SCHL estime que seulement 1,4 % des logements sont vacants dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal. Le chiffre officiel sortira sous peu.
Dans un rapport paru le même jour que la conférence, les experts de la SCHL ont publié deux chiffres intéressants concernant la détention de maisons unifamiliales sur l’île de Montréal.
Selon les données du dernier recensement, 8600 ménages âgés de 75 ans et plus occupent une maison de plus de sept pièces sur l’île, alors que seulement 2650 jeunes familles avec enfants sont dans la même situation. Un rajeunissement des propriétaires semble à prévoir au cours des prochaines années.
À quoi doivent s’attendre les acheteurs ?
Et ces jeunes familles qui se laissent tenter par une propriété, à quoi doivent-elles s’attendre ? Si les experts soutiennent que c’est un bon moment pour vendre, est-ce déconseillé d’acheter pour autant ? Évidemment, acheter comme vendre est une décision personnelle, avant d’être une décision financière. Cela dit, les ménages désireux d’acheter une propriété (condo, plex, maison) peuvent s’attendre à ce que leur immeuble prenne de la valeur au moins pour les deux prochaines années, selon la SCHL.
À court terme, nous prévoyons que les hausses de prix vont rester soutenues au moins pour les deux prochaines années étant donné la vigueur de l’économie montréalaise.
Francis Cortellino, économiste à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL)
Les acheteurs, jeunes et moins jeunes, qui choisissent une maison unifamiliale profitent d’un avantage supplémentaire venant soutenir la valeur de leur actif dans le futur. L’offre de maisons n’augmente pratiquement pas sur l’île de Montréal et c’est de plus en plus le cas en première couronne. Le zonage décourage la construction de basse densité et la rentabilité pour le promoteur est limitée à cause du prix des terrains et de la hausse des coûts de construction.
« Il se construit très peu de maisons, donc la concurrence provenant du neuf est beaucoup plus faible que pour le condo, confirme M. Cortellino. Par contre, la maison unifamiliale est le type d’habitation le plus détenu par les babyboumeurs. Selon ce que feront les boumeurs de leur maison, ça aura un impact sur l’offre sur le marché à moyen terme. »
Autres hausses des prix immobiliers
L’accélération de la hausse des prix se poursuit dans le secteur immobilier de la grande région de Montréal, sur fond de surchauffe. L’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) rapporte que le prix médian des maisons unifamiliales s’est établi dans la région à 350 000 $ le mois dernier, soit 6 % de plus qu’un an plus tôt. Dans la catégorie des copropriétés, le prix médian a atteint 290 000 $, ce qui correspond à une forte hausse de 9 %. Le prix médian des plex a fait un bond de 11 % depuis un an, atteignant 579 500 $. L’APCIQ a dénombré 4084 ventes résidentielles au cours du mois de novembre, ce qui représente une augmentation de 13 % par rapport au même mois l’année dernière.
— Avec La Presse canadienne