(Photo: 123RF)
Avec une croissance des prix qui continue à prendre de l’ampleur dans le marché immobilier, les « risques de dérive du marché vers la surévaluation » suivent la même trajectoire, particulièrement dans la région métropolitaine de Montréal, prévient l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).
Cet avertissement a été lancé mercredi, alors que l’Association a dévoilé ses statistiques pour le mois de mars — compilées par l’entremise de la base de données provinciale Centris des courtiers immobiliers — pendant lequel les conditions de marché ont continué d’être « fortement » à l’avantage des vendeurs même si les perspectives économiques demeuraient « encore incertaines ».
Ainsi, le prix médian d’une résidence unifamiliale a bondi de 32 % le mois dernier, par rapport à la période correspondante de 2020, pour s’établir à 481 000 $ dans la région regroupant l’île de Montréal, ses banlieues, Laval, Vaudreuil-Soulanges et Saint-Jean-sur-Richelieu. À la grandeur de la province, l’augmentation a été de 27 % en mars, pour un prix médian de 355 000 $.
« Il y a des augmentations extrêmement vives des prix, a observé le directeur du service de l’analyse du marché à l’APCIQ, Charles Brant, au cours d’un entretien téléphonique. C’est peut-être un marché irrationnel compte tenu du contexte. Le télétravail incite les gens à sortir des villes. »
Les restrictions sanitaires imposées en raison de la pandémie de COVID-19 en ont incité plusieurs à vouloir s’éloigner des grands centres et acquérir une plus grande propriété puisque le travail à domicile fait désormais partie de leur quotidien. Certains ménages ont acheté des propriétés à des prix « vraiment supérieurs à leur valeur réelle », même si elles sont éloignées des services et grands axes routiers, a fait remarquer M. Brant.
« À plus long terme, avec une normalisation du marché, ces propriétés pourraient être plus à risque de correction », a-t-il estimé, sans toutefois offrir d’horizon.
L’APCIQ a également noté que les valeurs étaient demeurées « très élevées » pour les copropriétés et les plex de deux à cinq unités, dont les prix ont respectivement été de 347 065 $ (+21 %) et de 660 000 $ (+8 %) dans la région de Montréal et ses environs.
Les ventes résidentielles ont affiché une croissance de 8 % pour atteindre 6348 unités dans la région métropolitaine de Montréal, ce qui constitue une « performance remarquable » dans un contexte où les transactions pour les maisons unifamiliales se sont contractées de 7 %.
Du côté de Québec, le prix médian d’une résidence unifamiliale a affiché une progression « jamais enregistrée » de 19 % en mars pour s’établir à 317 567 $, dans un contexte où une « chute record » des inscriptions en vigueur a été observée. Stimulé par les copropriétés et les plex de deux à cinq unités, le nombre de transactions a bondi de 18 % pour s’établir à 1339 ventes.
L’avertissement de l’APCIQ survient alors que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) avait signalé, le 25 mars dernier, que le degré de vulnérabilité du marché demeurait modéré à Montréal tout en reconnaissant qu’il y avait de fortes augmentations des prix. Ailleurs au pays, le niveau était passé à « élevé » pour les marchés de Toronto, Ottawa, Hamilton, Halifax et Moncton.
« On peut se dire qu’il y a une sorte de rattrapage du marché immobilier québécois, a affirmé M. Brant. Nous pensons que le marché pourrait encore s’autoréguler au Québec, notamment avec l’augmentation des taux hypothécaires fixes sur cinq ans. »
Invité à dire si les autorités devraient néanmoins commencer à poser des gestes pour éviter des situations observées ailleurs au pays, le directeur du service de l’analyse du marché à l’APCIQ a répondu qu’il « pourrait » y avoir des gestes à poser pour freiner les « comportements spéculatifs ».