Mauvaise nouvelle, les jeunes, votre plan pour accéder à l’immobilier pourrait s’embrouiller.
Vous vous disiez que le jour, imminent, où les boomers allaient quitter en masse leur bungalow pour suivre Michel Forget dans une de ces « cool » résidences de retraite, le marché tournerait enfin en votre faveur.
Dans vos rêves, au moment où vous aviez amassé une mise de fonds nécessaire, un paquet de maisons se retrouvaient en même temps sur le marché. Il suffisait d’attendre juste encore un peu pour voir les prix de l’immobilier refroidir, et puis voilà, à vous la cabane, le jardin et la clôture sans vous hypothéquer jusqu’à la mort.
Des millions veulent acheter
Eh bien non, ça ne semble pas vouloir s’aligner comme ça. En tout cas, pas aussi vite que prévu, et certainement pas de façon aussi nette.
Les résultats d’un sondage de Royal LePage diffusés aujourd’hui montrent que les boomers s’accrochent à l’immobilier. On les comprend, c’est là-dessus qu’ils ont construit une grosse partie de leur patrimoine. Pour 40 % des propriétaires canadiens, la maison constitue plus de la moitié de leurs actifs.
Non seulement ils ne semblent pas enclins à quitter le marché, mais beaucoup songent au contraire à se porter acquéreurs : « 3,2 millions de baby-boomers considèrent acheter une maison d’ici 5 ans », titre le communiqué de l’agence de courtage. C’est pour tout le Canada, et on devine que ce ne sont pas de premiers acheteurs.
Il faut prendre les résultats de ces sondages avec des pincettes. Des intentions d’achat et de déménagement, c’est moins facile à réaliser qu’une intention de vote. D’ailleurs, parmi ceux qui « considèrent acheter », cela se traduit par beaucoup de « peut-être ». Au Québec, 24 % des répondants affirment vouloir « peut-être acheter une résidence principale » au cours des 5 prochaines années. Seulement 6 % répondent par un « oui » ferme.
Les condos peu populaires
Peu de baby-boomers sont attirés par la copropriété (20 % au Québec), contrairement à cette hypothèse longuement nourrie selon laquelle tous allaient converger vers des tours en milieu urbain pour s’éviter de tondre le gazon.
La plupart des éventuels acheteurs québécois de cette génération contemplent plutôt des maisons détachées (53 % au Québec) et songent à s’installer dans une région rurale ou récréative (62 %, dont 48 % de « peut-être »).
Si ces intentions se traduisent dans la réalité, le mouvement est susceptible de transporter la pression sur les prix ailleurs que dans la grande région de Montréal. D’ailleurs, c’est déjà commencé, mais à moitié. La hausse des prix s’accélère en région, mais elle ne paraît pas vouloir ralentir dans la grande région métropolitaine.
On ne constate pas d’urgence chez les boomers d’emménager dans des résidences pour retraités, même si une majorité estime que la période semble propice pour vendre. Ça le restera aussi longtemps qu’ils ne le font pas tous en même temps. Et ce n’est pas parti pour ça.
Alors, les jeunes, continuez d’empiler votre argent.
Les boomers moins riches au Québec que dans le reste du Canada
Je ne prendrais pas une décision en matière d’immobilier sur la foi d’un résultat d’un sondage Léger mené pour le compte de Royal LePage, mais il y a des données dans cette enquête qui ne laissent pas de place à l’interprétation : on confirme le taux de propriété moins élevé au Québec.
◆ Au Canada, selon les données du sondage, 75 % des boomers sont propriétaires.
◆ Au Québec : 67 %.
◆ À Toronto : 74 % ;
◆ À Vancouver : 73 % ;
◆ À Montréal : 62 %.
Autre donnée probante : les boomers québécois sont plus hypothéqués qu’ailleurs.
◆ Plus de 40 % de ceux-ci n’ont pas réglé leur hypothèque, contre 34 % dans le Canada dans son ensemble.
Le fait d’être ou non propriétaire et de traîner ou non une dette hypothécaire ne rend pas quelqu’un nécessairement plus riche, mais c’est un bon indice.