Malgré une hausse de 16 % du prix des maisons depuis un an, le marché immobilier résidentiel est encore relativement « abordable » à Montréal, selon un rapport des économistes de la Banque Nationale publié mardi.
VINCENT BROUSSEAU-POULIOT
LA PRESSE
Pour les trois premiers mois de 2021, un Montréalais propriétaire typique consacrait 30 % de son revenu brut à son hypothèque (condos et maisons), soit la moyenne historique à Montréal depuis 2000.
Le propriétaire d’une maison à Montréal, lui, y consacre 32 % du revenu brut — le seuil critique où on entre tranquillement dans la zone d’inabordabilité immobilière, selon les économistes de la Banque Nationale.
Si l’immobilier reste relativement « abordable » (32 % ou moins du revenu brut consacré à sa maison) malgré la hausse du prix des maisons, c’est grâce aux taux d’intérêt, qui sont eux à un niveau historiquement très bas. Actuellement, on peut trouver une hypothèque fixe de cinq ans à un taux affiché inférieur à 2,50 %. « Une baisse de taux de 1 % (ex. : de 2,5 % à 1,5 %) équivaut à une hausse d’environ 12 % du pouvoir d’achat », illustre Kyle Dahms, économiste à la Banque Nationale.
Attention : les taux d’intérêt n’aideront plus les Canadiens à contrer les effets immédiats de la hausse du prix des maisons sur leur portefeuille. « Les taux d’intérêt ont augmenté de 35 points de base (0,35 %) depuis février. Au prochain trimestre, l’abordabilité va se détériorer si le prix des maisons continue de monter », dit l’économiste Kyle Dahms.
Autre lumière jaune : l’indice d’abordabilité n’a presque pas bougé à Montréal (-0,1 %) depuis un an malgré les taux d’intérêt très bas. Pendant cette période, les Canadiens consacraient une partie moins importante de leurs revenus à leur maison (baisse de 1,9 % depuis un an).
Les Montréalais peuvent se consoler en se comparant avec les Torontois et les Vancouvérois, qui consacrent respectivement 56 % et 64 % de leurs revenus bruts à payer leur hypothèque. La moyenne canadienne est de 41 %, donc largement dans la zone d’inabordabilité. C’est beaucoup moins cher à Québec (21 %), Edmonton (22 %) et Calgary (23 %).
Plus forte hausse du prix des maisons à Montréal depuis 1987
Le prix pour être propriétaire d’un logement résidentiel à Montréal a augmenté de 16 % en un an.
La dernière fois que le prix des maisons a monté aussi vite à Montréal, Brian Mulroney était premier ministre du Canada, Stéphane Richer était en voie de marquer 50 buts en une saison pour le Canadien et George Michael trônait au sommet des palmarès musicaux. C’était le quatrième trimestre de 1987.
« C’est un marché de vendeurs [actuellement]. Les valeurs [des maisons] reflètent les conditions actuelles du marché, et il y a beaucoup plus de demandes que d’offres de maisons », dit l’économiste Kyle Dahms.
Une propriété résidentielle de taille moyenne valait 427 619 $ à Montréal au début de l’année 2021, selon l’indice du prix des maisons Teranet – Banque Nationale. Un condo : 340 610 $. Une maison unifamiliale/maison de ville : 464 683 $.
Toutes proportions gardées, cette hausse de la valeur des maisons de 16 % en un an à Montréal est au troisième rang des plus élevées parmi les 10 grandes villes du pays, derrière Ottawa/Gatineau (+20 %) et Hamilton (+19 %). Le prix de l’indice des maisons à Québec a augmenté de 8,4 % depuis un an, comparativement à une hausse de 10,6 % pour la moyenne nationale pondérée.
Certes, les prix ont beaucoup monté à Montréal au cours de la dernière année. Mais le marché montréalais reste à des années-lumière de Toronto ou de Vancouver, où le prix médian d’une propriété atteint respectivement 1,0 million et 1,1 million.
Montréal se compare plutôt à Calgary (prix médian : 429 012 $), selon l’indice Teranet – Banque Nationale, qui regarde uniquement le prix des maisons moyennes. De son côté, l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) compte toutes les transactions, peu importe le type de maison. L’APCIQ constate une hausse de 29 % du prix des maisons à Montréal depuis un an (prix médian : 463 000 $).
Une des explications pour la hausse des prix : il y a beaucoup trop d’acheteurs et pas assez de vendeurs. Actuellement, il y a 2,4 maisons à vendre par maison vendue à Montréal, comparativement à un ratio de 3,1 il y a un an. Certes, c’est beaucoup plus élevé qu’à Vancouver (ratio de 0,3), mais la situation est ainsi à Vancouver depuis des années.
Des dix villes répertoriées par l’indice Teranet – Banque Nationale, Montréal est la ville où le taux d’accession à la propriété est le plus faible (56 % à Montréal, 68 % au Canada, 60 % à Québec).