Un ex-travailleur d’Électroménagers Mabe qui s’est fait couper 600 $ de son chèque de pension lors de la faillite de l’usine, en 2014, a réussi à sauver sa retraite grâce à ses investissements immobiliers.
« L’immobilier m’a sauvé. D’autres ont investi dans des commerces ou des petites compagnies. Dans mon cas, c’est l’immobilier », partage Michel Morin, 63 ans, qui est rentré à l’usine d’Électroménagers Mabe à 18 ans. Il en est ressorti à 58 ans, poussé à la retraite par les difficultés financières de l’entreprise.
Le bâtiment industriel d’Hochelaga-Maisonneuve où il a trimé dur n’a plus l’éclat d’antan. Durant des décennies, on y entrait par centaines le matin pour gagner son pain avec fierté. L’usine portait alors les noms de géants comme General Electric (GE) ou Camco. Aujourd’hui, elle a été transformée en studio du Cirque du Soleil.
Réveil brutal
L’usine a été rachetée par l’entreprise mexicaine Mabe en 2008. Quand celle-ci a déclaré faillite en 2014, le réveil a été brutal. À l’époque, Michel Morin, président du syndicat, sait que le régime de retraite de plus de 700 ex-employés est en péril. Aujourd’hui, les « Bafoués de Mabe » se battent toujours pour ravoir leurs fonds de retraite amputés de 30 % et leurs assurances collectives.
Les ex-travailleurs de l’usine Mabe ne lâchent pas le morceau et réclament 68 M$ à l’entreprise dans le cadre d’un recours collectif. Comme les retraités de Papiers White Birch, qui ont perdu près de la moitié de leur rente, ceux de Sears Canada ou bien ceux de Cliffs Natural Resources, ils refusent de devoir éponger à même leurs poches ce qui leur est dû.
Investissements
Contrairement à certains de ses ex-collègues retraités, qui en arrachent pour joindre les deux bouts, Michel Morin s’en tire bien grâce à ses investissements en immobilier et ses placements dans des régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER).
L’an dernier, il a vendu une copropriété. Au printemps, ses deux quadruplex payés autour de 100 000 $ il y a quelques dizaines d’années ont trouvé preneur. Prix obtenu : plus de 500 000 $ chacun.
« Je ne suis pas millionnaire, mais je suis indépendant financièrement », confie l’homme avec le sourire.
Pourtant, Michel Morin est loin d’être né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Il vient d’une famille pauvre et a dû bûcher toute sa vie pour trouver l’argent qui lui a permis d’acheter ses immeubles, qu’il a patiemment entretenus au fil des années.
Aujourd’hui, avec le recul, il estime qu’il a bien fait d’acheter des immeubles, même s’il a dû faire énormément de sacrifices pour se payer ses quadruplex.
« À long terme, tu ne peux pas perdre dans l’immobilier. Un terrain, un immeuble, ça prend de la valeur, mais pour que le locataire paye, tu dois lui fournir un bon service », lance l’homme avec philosophie.
Quand on lui demande si la gestion de ses immeubles va lui manquer maintenant qu’il les a vendus, il répond... que non.
« Pas vraiment. Pour le moment, je me sens quand même bien d’être dégagé de ça. Je n’ai plus d’appels de locataires », se réjouit-il.
La paix d’esprit, c’est aussi ça, la retraite.
Tout en demeurant très impliqué avec les « Bafoués de Mabe », il fait de nombreux voyages. Il se rendra dans quelques semaines au Mexique. Après, il envisage de parcourir la légendaire route 66, de Chicago à Los Angeles.