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Une remise sur les rails de l'économie à l'horizon

01 jan. 2021

Après une année 2020 aux parfums de calamité, quels espoirs peut-on fonder sur les 12 mois à venir ? Les nouvelles réalités pandémiques pèseront de tout leur poids sur les marchés économiques, toujours en quête de reprise.


Économie québécoise | Québec en route vers un plan de relance

Le gouvernement Legault espère pouvoir lentement tourner la page sur le difficile épisode économique de 2020 avec un ambitieux plan de relance en 2021. Le premier ministre, François Legault, compte sur le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, et sur les autres membres de son trio économique, le ministre des Finances, Eric Girard, et la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel. Le plan sur lequel ils travaillent sera arrimé au prochain budget du gouvernement.

Parmi les priorités, Québec veut inciter les entreprises à entrer dans l’ère 2.0. Il compte accélérer la numérisation des entreprises, déjà amorcée en pleine pandémie, pour aider les commerces à faire des ventes en ligne, robotiser le secteur manufacturier et utiliser l’intelligence artificielle pour améliorer leur productivité. Le plan sera assorti de stratégies de déploiement de l’Internet haute vitesse.

« Il faut que l’ensemble des régions soient bien connectées à l’Internet, a indiqué Francis Bérubé, analyste principal des politiques pour le Québec à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Pour automatiser de la machinerie, par exemple, si l’Internet n’est pas fiable et de bonne qualité, ce ne sera pas possible. »

Une autre priorité sera la requalification des travailleurs, un dossier piloté par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, qui a annoncé en novembre le Programme d’aide à la relance par l’augmentation de la formation. « Je vais faire des annonces supplémentaires qui vont permettre une meilleure adéquation de l’offre de formation, tant à l’intérieur des centres de formation professionnelle que dans les collèges et les universités, avec les besoins concrets qu’on va avoir sur le marché du travail dans les secteurs où il y a beaucoup de pénurie de main-d’œuvre », a affirmé M. Boulet en entrevue avec Le Devoir.

Les emplois devraient notamment être nombreux dans le milieu de la construction. La loi 66, adoptée sans controverse avant la relâche du temps des Fêtes, permettra au gouvernement d’accélérer la construction de 180 projets d’infrastructure avec des processus d’évaluation environnementale et d’expropriation plus rapides. Parmi ces projets, des maisons des aînés, des écoles, des routes et du transport collectif, comme le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal. D’ailleurs, le plan devrait inclure des politiques d’achat local pour réduire le déficit commercial du Québec avec des pays comme la Chine.

« Il faut s’assurer que les entreprises québécoises obtiennent leur juste part des contrats pour ces infrastructures. Le gouvernement doit revoir ses politiques d’approvisionnement local pour laisser plus de place aux manufacturiers québécois et canadiens », a souligné Véronique Proulx, présidente-directrice générale des Manufacturiers et exportateurs du Québec.

Les secteurs stratégiques, comme l’aérospatiale, l’aluminium, les sciences de la vie et de la forêt, ne seront pas oubliés, promet-on aussi.

Pour que la relance fonctionne, il faut toutefois d’abord soutenir davantage les entreprises qui souffrent en ce moment, afin que ces dernières survivent, estime Monsef Derraji, porte-parole de l’opposition officielle en matière de PME, d’innovation, de travail et d’emploi. C’est aussi l’avis du président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc. « Je m’attends à ce que, dès janvier, il y ait des annonces pour aider davantage les commerces du centre-ville, notamment les restaurants et les hôteliers, qui sont très touchés », a-t-il dit.

Roxane Léouzon et Mylène Crête


Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne

Politique québécoise | L’année du vaccin et de la reprise

La campagne de vaccination contre la COVID-19 et les programmes de relance des gouvernements devraient aider l’économie québécoise à regagner en 2021 presque tout le terrain perdu à cause de la pandémie.

La chute a été brève, mais vertigineuse. Au terme des six premiers mois de l’année, l’économie canadienne avait fondu de 7 % et l’économie québécoise, de 7,5 % par rapport à la même période un an auparavant. Sur le front de l’emploi, le taux de chômage a bondi, de février à avril, de 5,6 % à 13,7 % au Canada et de 4,5 % à 17 % au Québec.

On savait, dans ces circonstances, qu’après un premier rebond rapide, il faudrait du temps pour se remettre complètement. Le Québec est le plus avancé à ce chapitre, avec un retour, en novembre, de plus de 85 % des 820 000 emplois perdus depuis le début de la crise et un PIB réel en septembre inférieur de 2,7 % au niveau de février 2020, contre 4,6 % pour l’ensemble du Canada.

Ce texte fait partie de notre section Perspectives.

Mais on n’en a malheureusement pas encore terminé avec la COVID-19, dont la deuxième vague gâchera le début de l’année et qui ne cessera que graduellement de plomber l’activité économique, avec le déploiement des vaccins pour la combattre, préviennent les experts.

On pourra notamment continuer de compter sur la consommation des ménages, qui puiseront « dans leur épargne considérable accumulée en 2020 », pensent les économistes de la Banque Royale. On peut également espérer que l’amélioration du contexte sanitaire et économique mondial incitera les dirigeants d’entreprise à réviser à la hausse leur plan d’embauche et d’investissement, ajoutent leurs confrères de la Banque Nationale.

Les consommateurs et les entreprises seront épaulés par les pouvoirs publics, à commencer par les principales banques centrales, qui devraient maintenir leurs taux d’intérêt à leur niveau plancher jusqu’en 2023. Dans sa mise à jour budgétaire de l’automne, le gouvernement du Québec a indiqué son intention de porter son plan de relance économique à 21 milliards, ou 4,8 % du PIB, un sommet parmi les provinces. Le gouvernement fédéral a promis pour sa part un ensemble de mesures de relance encore à préciser, mais qui devrait s’élever entre 70 et 100 milliards sur trois ans.

Un retour presque à la normale

À la Banque Royale, on prédit ainsi « un rétablissement presque complet de l’économie du Québec en 2021 ». Les prévisionnistes du Mouvement Desjardins ont bon espoir que le taux de chômage reviendra sous la barre de 6,5 % en seconde moitié d’année, mais avertissent tout de suite qu’un « retour au niveau prépandémie de 4,5 % n’est pas anticipé à court et à moyen terme ».

Les progrès s’annoncent encore plus « cahoteux » dans les secteurs les plus touchés par la crise, comme l’hébergement, la restauration, les arts, les divertissements et les services de transport, ajoute la Banque Royale.

Après une année en montagnes russes qui s’est conclue par un léger gain, les marchés boursiers canadiens devraient revenir à la normale en seconde moitié de 2021, a dit à La Presse canadienne Candice Bangsund, gestionnaire de portefeuille chez Fiera Capital. « Après l’année de la pandémie, ce sera l’année du vaccin et de la reprise. »

Éric Desrosiers


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir

Immobilier | Des prix toujours à la hausse à prévoir

Qui aurait prédit que l’année 2020 serait celle où la visite virtuelle d’une propriété serait tout à coup une option, comment dire, socialement souhaitée ? Si la pandémie a accéléré certains changements dans la pratique du courtage, du moins en attendant le vaccin, le marché immobilier poursuivra en 2021 l’élan qu’on lui connaissait avant la COVID : une demande forte pour des logements qui ne sont pas très nombreux et une hausse des prix.

« On prévoit une année qui va ressembler beaucoup aux années 2018 et 2019, très actives », dit Marc Lacasse, président du conseil d’administration de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). Pour des raisons évidentes, il écarte des comparaisons l’année 2020, marquée par des facteurs « qui n’arriveront pas dans les prochaines années ».

À la base, tous s’entendent pour dire que les vendeurs auront encore le gros bout du bâton en 2021. La raison : le marché est encore stimulé par une baisse constante du nombre d’inscriptions par rapport aux années précédentes. Alors que l’année 2016 a enregistré 151 000 nouvelles inscriptions, par exemple, il n'y en a eu que 138 000 en 2019.

« On finit l’année 2020 dans un marché extrême de vendeurs, comme on n'en a jamais vu », dit Dominic St-Pierre, vice-président et directeur général de Royal LePage Québec. « On va commencer 2021 avec une très forte demande et un inventaire limité. C’est la recette parfaite pour des augmentations de prix assez “agressives” », précise-t-il, en ajoutant qu’« on ne pense pas que ce genre de marché là est soutenable sur le très long terme ». En d’autres mots, le marché se calmera au cours de l’année.

Selon des données de l’APCIQ pour le mois de novembre, le prix médian des propriétés unifamiliales au Québec était en hausse de 13 % en cumul annuel, comparativement à un gain de 10 % pour les copropriétés. Des prévisions pour 2021 ont tout récemment commencé à circuler, mais Royal LePage croit déjà que le prix des copropriétés dans le Grand Montréal, par exemple, augmentera de 6 % d’ici la fin de 2021. Les épisodes de surenchère seraient donc un peu moins intenses.

Une chose est claire : les gens ont pris conscience d’un changement dans leurs besoins, dit Marc Lacasse. « Le télétravail est là pour rester partiellement. Sur le terrain, on se fait demander depuis sept ou huit mois une chambre à coucher de plus qu’auparavant, pour installer un bureau. Je dis ça pour qu’on ait une image bien définie, mais en fait, ça peut être un espace, un sous-sol pour un coin bureau, etc. » L’autre mouvement des derniers mois est également bien connu : la recherche d’un chez-soi ou d’un chalet à l’extérieur des grands centres pour avoir un peu plus d’espace, profiter du grand air. « Cette tendance, on la voit se poursuivre en 2021. »

François Desjardins


Photo: Darryl Dyck La Presse canadienne

Commerce international | Un peu plus de coopération économique

Alors que, ces dernières années, le commerce international a fait les frais des tensions sino-américaines et du protectionnisme décomplexé des États-Unis sous la présidence de Donald Trump, l’année de 2021 pourrait être celle d’un certain changement de tendance.

Selon Patrick Leblond, professeur agrégé à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa, l’arrivée de Joe Biden à la tête des États-Unis aura une incidence importante sur l’échiquier du commerce et de sa gouvernance.

« Même si on ne recollera pas tous les pots cassés en 2021, il va certainement y avoir un retour à la collaboration et à un appui des Américains pour le multilatéralisme », soutient le professeur.

Toutefois, le départ du président Trump ne sonnera pas complètement le glas du protectionnisme. Même si Joe Biden est beaucoup plus ouvert à la coopération que son rival républicain, le président désigné prévenait dans une entrevue accordée au New York Times qu’il compte bien « se battre comme jamais pour investir dans l’Amérique d’abord. »

Biden n’a pas non plus l’intention d’abolir, pour l’instant, les tarifs de 25 % imposés par Donald Trump sur près de la moitié des exportations de la Chine vers les États-Unis — ni l’accord de phase 1 signé avec la Chine obligeant Pékin à acheter quelque 200 milliards $US de biens et de services américains supplémentaires au cours de la période de 2020 à 2021.

« On va se retrouver dans une situation très délicate » croit M. Leblond. Si les États-Unis tentent de renouer avec leurs alliés naturels pour faire contrepoids à la Chine, l’empire du Milieu demeure « le deuxième ou le premier marché en importance pour beaucoup de secteurs » et il n’y a pas de grand intérêt à une « segmentation de l’économie », poursuit le professeur.

Même si la crise a ravivé les appels aux relocalisations d’entreprises, « cela ne veut pas dire qu’il faut retourner dans un contexte de protectionnisme et vouloir tout produire chez nous », croit M. Leblond. « Si le Canada était fermé sur lui-même, on n’aurait jamais été capables d’avoir accès au vaccin ou à tous les équipements de protection personnelle. On a besoin du commerce international », plaide l’universitaire.

Appel au multilatéralisme

L’Organisation des Nations unies (ONU) — fragilisée par le désinvestissement des États-Unis et les missives du président Donald Trump — estime qu’un monde fracturé rendrait la résolution de problèmes mondiaux encore plus complexe, notamment en ce qui a trait à la relance d’une économie pérenne et inclusive.

« La pandémie de COVID-19 est la preuve accablante du fait que nous avons besoin de plus de multilatéralisme — et que celui-ci soit encore plus efficace — », implorait, en décembre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

M. Guterres plaide par ailleurs pour un plan de relance représentant au moins 10 % du PIB mondial pour tous les pays en ayant besoin. « De nombreux pays à revenu faible et intermédiaire ont besoin d’un soutien immédiat pour éviter une crise de liquidités. Ils doivent choisir entre fournir des services de base à leur population et rembourser leur dette » prévenait le secrétaire général de l’ONU.

Clémence Pavic

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